Le cœur du parc national héberge les 5 espèces d’orchidées endémiques de la Guadeloupe. Ces espèces sont considérées comme d’excellents bio-indicateurs de la santé des milieux naturels qui les hébergent. Dans la forêt tropicale primaire, quelques centaines d’espèces d’orchidées se développent. Le protocole de suivi et d’inventaire poursuivi par le Parc national a permis de sauver en 2009 un plant d’une espèce très rare retrouvé au sol et seul individu connu dans le cœur du PNG (Bilans 2009, PNG). Les Orchidées sauvages des Petites Antilles ont fait l’œuvre de nombreux travaux d’inventaires et ce depuis le XVIIIe siècle. La Guadeloupe et la Martinique ont probablement été les îles de la Caraïbe les plus prospectées.
Les travaux les plus récents ont permis d’illustrer la flore de Fournet (1978). Plus récemment, la cartographie des orchidées sauvages de Guadeloupe a été initiée donnant lieu à un atlas (1997). Celui-ci répertorie 102 espèces d’orchidées en Guadeloupe. Sur les 93 orchidées réellement attestées, 18 sont endémiques des Antilles, 9 sont endémiques des Petites Antilles et 5 sont endémiques strictes de l’île montagneuse de la Basse Terre (Guadeloupe).
Les orchidées ont colonisé la plupart des milieux naturels du niveau de la mer jusqu’aux crêtes ventées et humides d’altitude, la plus grande diversité se trouvant en forêt hygrophile. Les orchidées sauvages des Antilles comportent une majorité d’espèces épiphytes ou épilithes, les terrestres représentant environ le tiers des effectifs.
La répartition des espèces épiphytes dépend de la présence d’un support, généralement un arbre. Certaines espèces peuvent être présentes sur la majorité des supports disponibles d’une zone donnée. D’autres ont des aires de localisation désunies. Un arbre peut présenter jusqu’à plusieurs centaines d’individus alors que ses voisins immédiats, éventuellement de même espèce, n’en comportent aucun. Certaines espèces forestières semblent être de « bons » supports alors que d’autres, bien qu’abondant, sont particulièrement peu propices.
En Guadeloupe, ces espèces subissent des pressions et menaces diverses comme les prélèvements par des collectionneurs ou commerçants d’espèces à grandes et belles fleurs, la destruction des milieux par la déforestation pour l’agriculture, l’urbanisation, la fabrication de charbon de bois. L’entretien des sentiers sans connaissance suffisante des espèces, les projets de barrages en rivière, l’introduction d’espèces exotiques qui concurrencent les espèces indigènes (quatre espèces d’orchidées introduites se retrouvent maintenant à l’état sauvage en Guadeloupe), la destruction des supports d’épiphytes comme les merisiers ou le bois bandé.
Ces menaces sont accentuées par des facteurs naturels de destruction des populations d’orchidées que sont les cyclones, les éruptions volcaniques et les tremblements de terre. D’autre part, de nombreuses orchidées présentent une répartition discontinue dans l’espace avec des populations en taches parfois très éloignées les unes des autres. De tous ces faits, il découle que beaucoup d’orchidées sont aujourd’hui rares ou en voie d’extinction en Guadeloupe. Outre l’aspect esthétique de ces plantes, les orchidées présentent un rôle important dans l’évaluation de la qualité d’un milieu.
En effet, la présence d’orchidées est liée aux conditions de milieu. Ainsi, la connaissance des exigences des différentes espèces d’orchidées permet de qualifier les milieux. Ainsi Ionopsis satyrioides, Ionopsis utricularioides ou Leochilus puertoricensis, par exemple, sont caractéristiques des milieux en bord de rivière. Certaines jouent le rôle de bio-indicateurs : elles permettent de qualifier l’état de santé d’un écosystème et de suivre son évolution lors de perturbations et modifications. Pour résumer, les orchidées de Guadeloupe remplissent différents critères qui permettent de les qualifier de groupe à intérêt patrimonial : critères de nature juridique , biologique (richesse spécifique, rareté des espèces et endémicité) et d’ordres culturels (sentimentaux, esthétiques et éthiques).
La valeur patrimoniale constitue donc un élément fort à prendre en compte dans les mesures de gestion, d’autant plus que ces milieux fragiles sont soumis à une pression anthropique importante.