Après la destruction des habitats naturels par l’homme, les espèces invasives sont en effet la seconde cause de disparition des espèces dans le monde, et peut-être même la première dans les îles. Jusqu’à présent, le maximum de disparitions répertoriées concerne les petites îles tropicales. Les écosystèmes insulaires sont en effet plus fragiles que la plupart des écosystèmes continentaux face aux espèces invasives. D’une part, la faible surface de leurs écosystèmes rend particulièrement redoutable toute attaque et lui donne facilement un caractère irréversible.
Par ailleurs, des observations semblent indiquer que toutes les espèces insulaires mises au contact d’espèces continentales s’éteignent rapidement. Les espèces insulaires ont connu des conditions de faible concurrence (en raison de la faible diversité biologique), alors que les espèces continentales ont dû croître dans un environnement extrêmement compétitif.
Certaines espèces introduites volontairement pour leur valeur économique (Pin caraïbe) ou pour leur valeur décorative (Tulipier du Gabon) peuvent dans certains cas se révéler très envahissantes et se développer au détriment de la flore locale. C’est en particulier le cas pour le bambou qui colonise les bords de routes et de rivières. La régulation de ces espèces est très difficile , elle nécessite des inventaires précis et la mise au point de techniques d’intervention sans préjudice pour les espèces locales.Le bambou, sans compter sur le charme de ses bouquets, devient une espèce envahissante en Guadeloupe. Un contrôle de son expansion est préconisé sur certaines zones, voire son éradication localement dans le cœur du Parc national. Une espèce introduite, volontairement ou fortuite ment, passe du statut d’espèce envahissante au statut d’espèce invasive lorsqu’elle devient un agent de perturbation de l’écosystème où elle s’est établie et nuit à la diversité biologique de son milieu d’accueil. Originaire d’Asie (Inde ou Malaisie), tout comme le bambou, le jambosier sygygium jambos est plus connu sous son nom créole « pom woz », qu’il doit à ses fruits qui ressemblent à une petite pomme au parfum de rose. Son introduction, largement répandue dans la plupart des pays tropicaux dès la fin du XVIIIe siècle, semble cependant davantage due à ses qualités ornementales et à ses ombrages qu’à ses fruits. Son acclimatation réussie en Guadeloupe, en particulier au bord des rivières, en fait une espèce à surveiller, voire à contrôler. Elle est connue comme envahissante sur certaines îles des Caraïbes (Porto Rico, Cuba...).