Plonger au cœur de l’univers des cétacés, fait partie des rencontres extraordinaires qu’il nous est donné de réaliser. Les eaux de Guadeloupe abritent de nombreuses espèces de cétacés, qui, comme les siréniens dont faisait partie le lamantin, sont protégés par l’arrêté du 27 juillet 1995. Ils se répartissent en deux grands groupes: les mysticètes ou cétacés à fanons, représenté par les baleines; et les odontocètes ou cétacés à dents, représentés par les dauphins et les marsouins.
- Le dauphin, représenté par 9 espèces (dont le grand dauphin, le dauphin tacheté pantropical, le dauphin de fraser...)
- Le grand cachalot (Physeter macrocephalus; le plus grand des cétacés à dents) et le cachalot nain (Kogia sima; plus rare)
- La baleine à bosse (Megaptera novaeangliae), cétacé à fanons, migre de décembre à mai dans la caraïbe pour se reproduire et mettre bas. Il est possible de la rencontrer sur les côtes des antilles françaises
- L’orque naine (Feresa attenuata, très difficile à observer, vit en petits groupes de moins de 50 individus)
- Le globicéphale tropical (Globicephala macrorhynchus, espèce commune et résidente aux Antilles Françaises).
- Le pseudorque (Pseudorca crassidens, rarement observé aux Antilles Françaises)
Les observations sont nombreuses tout au long de l’année en Guadeloupe, et certaines espèces présentes toute l’année, comme le globicéphale. Une fréquentation plus massive est constatée de novembre à avril avec la venue des espèces migratrices (baleines à bosse, rorquals) (Évasion tropicale, 1998).
L’Observatoire des Mammifères Marins de l’Archipel Guadeloupéen (OMMAG), a pour objectif de collecter et d’analyser l’ensemble des observations réalisées à terre ou en mer : toute image peut être utile, donc n’hésitez pas à faire parvenir vos données et images.
Le cachalot (la population de cachalots présente en Dominique et en Guadeloupe a été estimée à 75 individus environ) et le dauphin tacheté pantropical restent les espèces les plus communes (Evasion Tropicale, 2001 et BREACH, 2007).
Les baleines à bosse sont observées lors de la migration hivernale en zone tropicale pour la reproduction et la mise bas*.
Les populations de l’Atlantique Nord migrent depuis les côtes nord-est américaines et canadiennes, l’Islande et le Groenland où elles s’alimentent l’été, vers la zone caraïbe où elles viennent se reproduire*. La population antillaise est en forte régression : 100 000 individus au début du XIXe siècle pour atteindre 10 à 12 000 mégaptères à l’heure actuelle*. Et même si les stocks se reconstituent petit à petit du fait du moratoire mis en place par la Commission Baleinière Internationale et en vigueur depuis 1982 interdisant leur chasse, l’espèce reste hautement vulnérable (classification UICN) et est soumise à de fortes pressions humaines (captures accidentelles dans les engins de pêche, pollutions, collisions, activités d’observation des cétacés et tourisme sur le littoral…)*.
Les actions de sensibilisation à la protection des mammifères marins prennent tout leur sens dans cette région de la Caraïbe. De ce fait, c’est par des interventions pédagogiques dans les écoles et dans les lieux publics que se transmettent les connaissances et les dangers qui pèsent sur les cétacés*.
Les études sur les cétacés ont débuté dans la Caraïbe à la fin du XIXe siècle, avec la chasse baleinière alors pratiquée dans le sud des Antilles (capture des baleines à bosse, cachalots)*. Cette chasse aux grands cétacés a été abandonnée dans les années 1930 du fait de la raréfaction des prises*. Par la suite, diverses études sur les cachalots ont été menées. Ce que l’on sait pour l’instant, c’est que certains individus appartenant à des espèces distinctes migrent vers la Guadeloupe à certaines périodes de l’année, qu’ils y ont des comportements connus et observés et que d’autres y résident probablement toute l’année. Les difficultés de prospection en mer limitent les analyses de distribution pour les espèces discrètes et peu renseignées.
La Caraïbe est devenue un enjeu pour une protection globale des mammifères marins, notamment entre les tenants de la reprise de la chasse baleinière et les tenants du statu-quo, dont le projet de sanctuaire marin défendu par la France fait partie. L’aire maritime adjacente du parc, incluant la mer territoriale (12 miles) parait donc cohérente avec cette volonté internationale de protection des mammifères marins, et se place en continuité du futur sanctuaire.
*Références:
- Trownsend, 1935
- Clark, 1887
- Évasion tropicale, 1998
- Smith et al, 1999
- Evasion Tropicale, 2001
- Rinaldi et Rinaldi, 2007 (notamment MMAP UNEP CAR WG 27/2 Rev.3)
- BREACH, 2007
- Mon école, ma baleine