Les fonds sableux recèlent une faune très variée même si au premier regard ils apparaissent dénués de toute vie. Et pourtant, les coraux forment l’un des écosystèmes marins les plus spectaculaires. Ces « forêts tropicales des mers » abritent des milliers d’espèces animales et végétales, des poissons nageant autour du corail, aux multiples animaux vivant dans le récif jusqu’à la diversité que l’on trouve en leur cœur. L’unité de base des coraux est le polype, il forme des colonies au fil du temps allant jusqu’à des milliers d’individus reliés les uns aux autres par du tissu vivant, et qui peuvent atteindre des tailles immenses et vivre très longtemps.
Il en existe une multitude de formes et de tailles différentes, mais la structure reste la même. Les polypes se développent sur un substrat dur et rigide ou bien caoutchouteux. Les coraux durs forment les récifs les plus connus, ils bâtissent des squelettes calcaires sous le tissu vivant. Les récifs coralliens n’existeraient pas si les polypes n’avaient pas la faculté de sécréter du carbonate de calcium ou calcaire, qui leur donne cette couleur blanche.
Chaque espèce de corail bâtit son squelette à sa manière, d’où l’extraordinaire variété de formes chez les coraux durs. L’éventail est large, et la même espèce croît de façon différente selon les conditions environnantes : vagues, courants marins, lumière et lutte pour l’espace vital sur le récif. Aucun corail dur ne pourrait bâtir son squelette rocheux sans une aide extérieure. La clé de la formation des récifs réside dans leur collaboration (symbiose) avec des millions d’algues unicellulaires : les zooxanthelles. Au fur et à mesure que le squelette calcaire croît, le corail augmente en épaisseur. Les récifs coralliens sont en contact étroit avec d’autres écosystèmes comme les prairies sous-marines d’algues ou herbiers et les mangroves. Les prairies sous-marines et les mangroves stabilisent le niveau de salinité dans les eaux côtières et agissent comme un tampon lorsque les écoulements sont riches en sédiments ou en nutriments. Les récifs coralliens protègent le littoral et les poissons de l’action des vagues et de l’érosion. Ils créent ainsi des lagons dans lesquels les conditions sont favorables pour le développement de mangroves ou de prairies sous-marines.
Les espèces associées aux récifs vont souvent pondre ou passer l’un de leurs stades de croissance dans l’environnement protégé formé par les mangroves ou les herbiers.
Dans le Grand Cul-de-Sac Marin, 50 espèces de coraux ont été répertoriées. Ils constituent l’essentiel des bio-constructeurs de récifs et permettent ainsi l’existence de la biocénose récifale installée sur la barrière corallienne et les rares substrats durs du lagon.
- Les Gorgones : 30 espèces de Gorgones vivent dans le GCSM. Les gorgones sont caractéristiques des paysages sous-marins des Antilles. Le Grand Cul-de-Sac Marin abrite environ 60% des espèces des eaux peu profondes (jusqu’à 40 m) des Antilles Françaises.
- Les Vers : On recense actuellement 8 espèces de vers (Annélides) dans la Baie du Grand Cul-de-Sac Marin.
La faune corallienne des herbiers de Phanérogames marines à Thalassia (Thalassia testudinum) est pauvre à proximité de la mangrove alors que celle du Grand Cul-de-Sac marin, est riche ; en effet, la majorité des espèces présentes dans les Antilles Françaises y ont été recensées (Bouchon et Laborel, 1990).
Menaces
Les coraux sont de bons indicateurs biologiques. Les indicateurs biologiques ou bio-indicateurs sont des espèces animales ou végétales dont les préférences ou exigences écologiques en font des témoins précoces des variations des facteurs de leur environnement. L’état des coraux renseigne sur la santé entière des océans et des organismes marins. Un événement isolé, comme le blanchiment d’une petite portion d’un récif corallien, peut à priori sembler anodin. Néanmoins cela peut être considéré comme le premier signe tangible de problèmes se développant à grande échelle (comme une pollution de l’eau ou un changement climatique).
Un épisode récent de blanchissement des coraux (2005) a provoqué une diminution du taux de recouvrement en coraux (43 à 52 %). Leur état de santé a subi une altération progressive (Bouchon et al., 2006). Ces formations coralliennes ainsi que les herbiers de phanérogames marines jouent un rôle d’indicateur de qualité écologique, compte tenu de la richesse des formes de vie benthique et pélagique associées. Jusqu’à l’épisode de blanchissement de 2005, les peuplements coralliens des récifs de la Guadeloupe (Grand Cul-de-Sac Marin, Pigeon) sont demeurés globalement stables, pour ce qui concerne la couverture corallienne des fonds. Par la suite, la perte de recouvrement due au blanchissement et à la mortalité retardée qui lui a fait suite est de l’ordre de 40%. Par ailleurs, le taux de nécrose des coraux augmente. Ce phénomène est inquiétant et traduit une dégradation progressive de l’état de santé des coraux . Si cet accroissement progressif du taux de nécrose des coraux se maintenait à ce rythme, ce phénomène conduirait à la disparition des coraux sur les récifs en deux ou trois décennies (Bouchon et al, 2006).
Les peuplements coralliens sont pratiquement en régression sur toutes les Antilles. Les deux seules espèces d’Acropodes de la Caraïbes (Acropora cervicornis et A. palmata) sont de plus en plus rares (Bouchon et al, 2002). Les conséquences des phénomènes planétaires (réchauffement climatique) menacent les massifs coralliens. Elles sont accentuées par la fréquentation humaine touristique et sportive. Elle atteint localement des seuils dont les effets sont caractéristiques d’une sur-fréquentation particulièrement dommageable pour des biocénoses déjà fragilisées. Il faut également noter que les communautés benthiques récifales sont également caractérisées par l’existence d’un peuplement anormalement important de macroalgues brunes ainsi que de cyanobactéries qui entrent en compétition avec les coraux et traduisent une eutrophisation du milieu.