C’est dans sa diversité, tant d’un point de vue paysager que de ses milieux naturels, que réside la richesse de notre archipel. Des massifs forestiers d’altitude aux rivages sableux des plages de Marie-Galante, en passant par les innombrables chutes et rivières de la Basse-Terre, les îlets de palétuviers du Grand Cul-de-Sac Marin et les vallées verdoyantes de la Côte sous le vent, l’île est un haut lieu ou « hot spots » de la biodiversité, à l’image d’un joyau éclatant mais fragile.
La biodiversité des territoires aujourd’hui classés en Parc National est le résultat d’une évolution longue et constante, liée au passé géologique, climatique et à l’action de l’homme, grands déterminants de la répartition des espèces et des milieux naturels.
L’histoire écologique de la Guadeloupe, émergée il y a environ 4 millions d’années reste particulièrement originale : Minérale et nue à l’origine, l’île a accueilli des communautés animales et végétales colonisatrices à faibles richesses spécifiques portées par les courants marins et les vents, mais dépourvues de représentants de certains groupes, tels les mammifères terrestres (hormis les chauves-souris), incapables de franchir des espaces maritimes importants. Tous ces processus de changement et d’évolution poursuivent leur œuvre continuellement, au travers de phénomènes volcaniques, tectoniques, érosifs ou encore cycloniques, qui sculptent dans la roche le devenir des terres.
Les contraintes climatiques, géologiques et biologiques ont réparti les descendants de ces individus en fonction de leur adaptation aux différents milieux, rassemblant le plus grand nombre dans les milieux les plus accueillants et sélectionnant les espèces les mieux adaptées aux conditions extrêmes. Ainsi, la pression des contraintes locales et la perte d’échanges de gènes avec leurs populations d’origine a favorisé l’émergence d’espèces à caractéristiques remarquables, uniques au monde. Cet endémisme insulaire a par exemple, donné naissance aux Palétuviers rouges ou noirs (Rhizophora mangle et Avicennia germinans), qui ont développé une tolérance à la salinité extrême des eaux saumâtres de mangrove du Grand Cul-de-Sac Marin.
Passé toujours présent, les espèces et les milieux se diversifient, s’adaptent et se déplacent continuellement au gré des colères naturelles.
L’arrivée des premiers occupants sur l’île de la Guadeloupe au début du millénaire, les Arawaks, chassés ensuite par les Caraïbes, grave dans cette histoire naturelle de profonds changements. En effet, nombre d’espèces animales et végétales trouveraient leurs origines des voyages réalisés par les peuples précolombiens, comme le manioc, la patate douce, le manicou, l’agouti, le chien domestique ou encore l’iguane commun... Vers 1620, l’arrivée des premiers européens s’accompagne également d’introduction d’espèces domestiques (lapins, chèvres, cochons, bovins..), afin d’assurer la subsistance des navigateurs de passage ou de leur installation; mais également de rats, de souris, de chats, passagers clandestins des cales de navires. Certaines introductions, comme celle du raton laveur (Procyon lotor) ou Racoon en créole au 19e siècle, restent mystérieuses et ont trompé jusqu’à récemment les zoologues, qui avaient identifié l’espèce comme endémique de l’île.
Sensés éliminer les ravageurs des cultures (rats, moustiques, hanneton de la canne à sucre...), la mangouste de Birmanie (Herpestes auropunctatus) et le crapaud buffle (Rhinella marina) ont été introduits volontairement au 19e siècle. Conséquences malheureuses, ils ont aggravé les déséquilibres écologiques provoqués par le défrichement, l’introduction de végétaux ou l’exploitation excessive des ressources et se sont attaqués à d’autres espèces qui avaient perdu tout comportement de défense vis à vis de prédateurs, comme les perruches et perroquets.
A jouer aux apprentis sorciers, l’homme a bouleversé brutalement l’équilibre dynamique d’écosystèmes rares et fragiles. La prise de conscience de la richesse de ce patrimoine exceptionnel mais menacé, liée à une histoire toute aussi particulière, donne naissance le 20 février 1989 par décret interministériel au septième Parc National français et premier en milieu tropical, le Parc National de la Guadeloupe. Il constitue un florilège des plus beaux paysages de la Guadeloupe : volcanique, forestier, côtier, et maritime. D’une surface de 22 000 ha fortement protégée pour les cœurs de parc, entre 90 000 et 130 000 hectares de zones de développement durable terrestres et marines, le Parc National de la Guadeloupe est le plus vaste des Petites Antilles.
Véritable palmarès de biodiversité, la Guadeloupe fait partie des 25 zones présentant l’un des taux de diversité biologique les plus importants au monde, tant par le nombre élevé d’espèces végétales ou animales, que par le taux d’endémisme. Certaines ont déjà disparu (perruches et perroquets), d’autres, rares et menacées, sont intégralement protégées (orchidées, grenouilles, chauves-souris, oiseaux...). Protéger les habitats naturels est nécessaire à la survie d’espèces animales et végétales représentant un intérêt biologique particulier, unique au monde. A noter que de nouvelles espèces sont régulièrement découvertes...