Une exposition de mi-ombre, une altitude ne dépassant pas les 400m, un substrat acide et peu d'humidité : se sont les principaux éléments à réunir pour espérer voir émerger la belle plante. Elle s'accommode entre autre particulièrement bien des zones escarpées. Ces conditions se rassemblent à merveille dans les forêts tropicales ouvertes, ce qui explique qu'on la retrouve dans toutes les Antilles et l'Amérique du Sud. Sur l'archipel, on trouve de petites populations disparates sur les dépendances. En Basse-Terre des peuplements plus importants, mais toujours insuffisants,en côte Sous le Vent.
Pour une hauteur de 30cm, cette orchidée se présente sous des tiges simples et des feuilles très allongées qui atteignent parfois la longueur de la tige. La beauté de cette locataire des forêts sèches réside dans sa fleur blanche tirant sur le vert. Le périanthe (ensemble formé des pétales et sépales) prend la forme d'une étoile dont on aurait fortement étiré les pointes. Le labelle, un pétale plus large et orienté vers le bas constitue une « piste d’atterrissage » pour les insectes pollinisateurs.. Mais il n'y a pas que les yeux qui seront flattés par l'inflorescence car, la nuit tombée, elle exhale un parfum subtil.
La croissance de ce végétal est lente. Elle colonise donc les milieux à faible allure et sa résilience présente les mêmes caractéristiques. Les exigences de cette espèce rendent rares les espaces où elle peut s’épanouir. Ainsi, l’espèce considérée comme protégée en 1989 a été inscrite sur la liste rouge des espèces menacées de Guadeloupe et de Martinique. Principalement utilisée dans l'horticulture pour son côté esthétique, elle a longtemps été récoltée sans se soucier de ses effectifs. Menacée par la dégradation des milieux naturels, elle a fait l’objet d’un suivi mis en place par le Parc national.
Cette opération portait sur la population de Brassavola implantée sur l'îlet Kahouanne, et a débuté par une première phase d'un an en 2011 pour vérifier l'état des peuplements. Suite à cela, 4ans de suivi répartis entre 2015 et 2019 (inclus) ont eu pour but d'analyser la fréquence et la probabilité de floraison, en lien avec le stade de croissance ou encore les causes et les proportions de prédation de chaque plante. Les premiers résultats n'indiquent pas d'améliorations de l'état des orchidées après que le retrait d’une population clandestine de cabri, ce qui laisse penser que la population de rat noir (Rattus rattus) présente sur l'îlet est responsable en majeure partie de l'abroutissement de la précieuse plante.
Une autre étude menée par une équipe de scientifiques à travers le globe s’est, elle aussi, intéressée à la précieuse orchidée pour évaluer sa capacité à se maintenir dans un milieu insulaire ainsi que sa résilience (« persistence of small populations Brassavola cucullata »). L'ensemble de ces données permettra de mieux connaître la biologie de ce végétal, pouvant donner lieu à des mesures de préservation plus adaptées et donc plus efficaces.
Sources :
- Atlas des orchidées sauvages de la Guadeloupe: (FELDMANN Philippe, BARRE Nicolas)
- Flore de Guadeloupe et Martinique:(Jacques Fournet)
- Clé de détermination des Orchidées de la Guadeloupe (Thierry Guillon, Sébastien Rives) - PNG
- Synthèse sur le suivi de Brassavola Cucullata Station botanique de Kahouanne –Sébastien Rives- PNG
- Livre rouge des plantes menacées aux Antilles Françaises
- Atlas des orchidées sauvages de la Guadeloupe
- Flore illustrée des phanérogames de Guadeloupe et de Martinique