Imprimer
Nos petits plans d’eau regorgent-ils de vie ? C’est ce qu’a voulu prouver la société Aquabio en répondant à l’appel à projet scientifique du Parc National de Guadeloupe pour étudier les invertébrés et les macrophytes des petits plans d’eau de Guadeloupe.

Écosystèmes souvent mal connus ou encore semi-temporaires à temporaires, ils sont de ce fait peu étudiés avec une faune et une flore souvent méconnue. Le but de ce projet était principalement de fournir une clé d’identification des invertébrés aquatiques de la Guadeloupe et d’améliorer la connaissance des invertébrés et macrophytes de la Guadeloupe. Le nombre de plans d’eau de Guadeloupe avoisinant les 1900, il a fallu choisir pour faciliter la tâche des scientifiques. En effet, sur l’ensemble des plans d’eau du territoire, 26 ont été sélectionnés pour être échantillonnés en fin de saison sèche, soit en avril 2022 (14 plans d’eau sur Basse Terre et 12 sur Grande Terre).

Quel intérêt de mettre en lumière le "tout petit" des plans d’eau ?

"Connaître pour mieux protéger" est le maître-mot des inventaires naturalistes et ici cette phrase prend tout son sens !

Les macrophytes, ces végétaux macroscopiques indispensables au bon fonctionnement des plans d’eau peu profonds ont de l’intérêt à être inventorié bien qu'ils soient le plus souvent exotiques sur le territoire. Ils forment l'habitat le plus biogène (habitat propice au développement de la vie), ils limitent l'apparition de blooms de cyanobactéries, en clair, ils participent au bon fonctionnement et à l'augmentation de la diversité spécifique du milieu. Cependant, la composition floristique des mares semble être très variable au cours du temps, pouvant passer d'une grande richesse spécifique à une composition monospécifique voir à une absence de composition floristique le tout dans un laps de temps très court.

L’étude des invertébrés des plans d’eau permet de caractériser le fonctionnement trophique de ces milieux. Leurs actions contribuent à agir sur le contrôle du basculement en état eutrophe du plan d’eau. De par la très grande diversité de leurs modes alimentaires (décomposeurs, phytophages, omnivores,...) les invertébrés occupent de très nombreuses niches trophiques, contribuant ainsi à la stabilité de l’écosystème. La chaîne trophique ne se limite pas aux interactions entre les invertébrés et la flore du milieu aquatique. Certains, en se métamorphosant, vont exporter la matière organique du plan d’eau vers les écosystèmes terrestres voisins. Pour exemple, la larve d’odonate qui se développe dans le milieu aquatique et occupant une place dans la chaîne trophique du plan d’eau, se transformera en libellule au cours de sa vie. Celle-ci occupera alors une nouvelle place dans la chaîne trophique. Ses proies et ses prédateurs ne seront plus les mêmes que dans le plan d’eau. Elle contribue ainsi à exporter la matière organique du plan d’eau vers l’extérieur pour la mettre à disposition d’autres organismes (chauves-souris, oiseaux...).

Schéma imagé du réseau trophique d'une mare : les flèches pleines représentent "qui mange qui" ; les flèches en pointillés représentent l'export des invertébrés de la mare vers les écosystèmes extérieurs. © Camille PELTIER - PNG

Une biodiversité riche et variée…

Vous avez dit méconnu ? Effectivement, les invertébrés étant peu étudier sur le territoire guadeloupéen, de nombreuses espèces pour la plupart nouvelles pour le territoire et pour d’autres nouvelles pour la France ont été inventoriées. Sur 143 taxons inventoriés d’invertébrés, l’étude a permis de recenser 25 nouveaux taxons avec par exemple : le coléoptère hydrophilidae Hydrophilus ensifer ; le diptère Tipulidae Maekistocera longipennis, une première mention pour le territoire français ; l’hémiptère Saldidae Saldula dentulata, première mention pour les Antilles françaises. De quoi venir compléter la clé d’identification réalisée !

La diversité des macrophytes est elle aussi bien présente avec 85 taxons inventoriés sur l’ensemble des plans d’eau qui semble se répartir selon des préférences géochimiques en 3 grands groupes de communautés : (1) influence haline, (2) volcanique et (3) alluvial ou calcaire.

Ces résultats vont servir à aborder le fonctionnement des plans d’eau et de leurs connectivités, de mettre en avant l'importance de conserver ce réseau sur le territoire et ainsi à développer un indicateur pour rendre compte de la qualité de leurs fonctionnements

             Hydrophilus ensifer © Frédéric LABAT                                                                                              Sadulaa dentulata © Frédéric LABAT

Rapport : “Étude des invertébrés et des macrophytes des petits plans d’eau de Guadeloupe” Synthèse des résultats de l’appel à projet scientifique du Parc national de la Guadeloupe (2022-2023)

Clés d'identifications : "Clé pour l'identification des macroinvertébrés aquatiques de Guadeloupe" (2023)


Source URL: https://www2.guadeloupe-parcnational.fr/node/3303